LA CENSURE, EN CONSCIENCE ET EN RESPONSABILITÉ

le texte "la censure, en responsabilité" écrit sur une photo de l'hémicycle de l'Assemblée nationale

La censure en conscience et en responsabilité, pour proposer un autre chemin

Ce soir, le gouvernement de Michel Barnier est censuré. Il tombe bien que son Premier ministre ait honteusement essayé de négocier jusqu’au dernier moment avec l’extrême-droite, en rupture avec le barrage républicain pourtant largement plébiscité en juillet dernier. Il tombe sans n’avoir jamais daigné ouvrir de négociations avec le Nouveau Front Populaire alors que le respect du résultat des élections législatives et de l’Assemblée nationale l’exigeait. Il a donc à la fois le déshonneur d’avoir pactisé avec l’extrême-droite et la censure qu’il a pourtant tout fait pour éviter.

Cette censure, je l’ai votée sans plaisir mais en conscience et en responsabilité.

Par refus principiel du 49-3, qui est une brutalisation de la représentation nationale devenue habituelle mais que nous ne devrions jamais accepter. 

Par dénonciation du fait que n’ait jamais été consultée sur rien la coalition arrivée en tête lors des dernières élections législatives avec une participation record. 

Par rejet d’un gouvernement qui, bien qu’issu du barrage républicain contre l’extrême-droite, privilégie de négocier avec elle plutôt qu’avec la gauche.

Par opposition enfin à des politiques budgétaires qui mettent encore plus à mal les services publics, les collectivités territoriales, le pouvoir d’achat de nos concitoyen·nes et la transition écologique. 

On ne prend pas cette décision sans en soupeser chaque conséquence. Oui, cette censure ouvre une période de crise et d’incertitude. Mais de cette instabilité, la gauche n’est pas responsable. Le Nouveau Front Populaire est droit dans ses bottes, fidèle aux engagements pris devant les citoyennes et les citoyens. A ceux qui nous taxent d’irresponsabilité et aimeraient nous attribuer toutes les culpabilités dans la période, nous répondons que ce n’est pas nous qui sommes au pouvoir depuis 7 ans, violentent ce pays et creusent ses inégalités. Les parlementaires du NFP ne sont responsables ni du blocage ni d’un hypothétique « chaos ». Les fauteurs de troubles sont ceux qui s’obstinent à refuser le changement de politique pourtant majoritairement réclamé par les Français. 

Cette situation ne nous plonge toutefois pas dans le chaos. La France aura un budget pour 2025, nous nous y emploierons, en nous efforçant de remédier aux coupes injustes et brutales que comportait le PLF. Et nous voterons, dans les prochains jours, les dispositions nécessaires à la continuité de l’action de l’État et pour protéger le pouvoir d’achat de nos concitoyen·nes. 

Sortir de la crise : respecter le parlement et changer de politique 

Je n’aspire ni chaos, ni au prolongement de cette crise. Avec mes collègues du groupe écologiste et social, nous avons la conviction que nos concitoyen.nes attendent de nous que nous travaillions pour l’intérêt général en répondant aux grandes questions qui traversent aujourd’hui la société : l’inégal partage de la richesse, la situation de nos services publics, les fractures territoriales, le défi du 4ème âge, la protection de l’État de droit ou encore, évidemment, les enjeux du dérèglement climatique. 

Conscients de notre responsabilité, nous formulons une proposition de méthode pour sortir de cette crise par le haut, dans un respect nouveau de l’Assemblée nationale, c’est-à-dire du vote des Françaises et des Français.

Nous laissons à d’autres les sempiternelles discussions sur le casting pour revenir au mandat que nous ont confié nos électrices et électeurs en nous intéressant au contenu. Nous préférons le “quoi” au “qui”. 

Nous affirmons la légitimité de la gauche à gouverner tout en reconnaissant le besoin de dialogue à l’Assemblée nationale, aucune coalition n’ayant de majorité suffisante à éviter la censure. 

Nous faisons donc 11 propositions que nous mettons à la discussion pour parvenir à un accord avec les groupes politiques de l’arc républicain représentés à l’Assemblée nationale. De ce dialogue, nous entendons construire le principe d’une non censure, accordée contre l’engagement de renoncer au 49-3.

Ce chemin est nouveau et il est susceptible d’améliorer notre culture démocratique à l’heure où des vents réactionnaires la menacent. Dans la Vème République, il revient toutefois au président de la République d’en accepter le principe, lui seul ayant la possibilité de nommer un Premier ministre. Faudrait-il encore qu’ils soient, lui et les groupes politiques qui le soutiennent, à la hauteur de la gravité et des espérances de l’époque…

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