Loi Duplomb : un passage en force et une régression pour l’écologie et la santé publique
La loi Duplomb a été adoptée à l’Assemblée nationale sans aucun débat parlementaire, à la suite du vote d’une motion de rejet préalable le 26 mai dernier, adoptée par les auteurs du texte eux-mêmes dans un détournement de procédure manifeste. Ce procédé a empêché l’examen des différents amendements déposés, et ainsi tous débats à l’Assemblée nationale, réduisant le rôle du Parlement à une simple chambre d’enregistrement. Avec le groupe Écologiste et social, nous avions pourtant accepté de réduire notre nombre d’amendements et de limiter notre temps de parole lors de son examen, afin de pouvoir garantir un débat serein et constructif.
Cette méthode constitue un véritable coup de force antidémocratique, renforcé par l’adoption en procédure accélérée et une Commission mixte paritaire à huis clos.
Sur le fond, cette loi est une attaque directe contre l’écologie et la santé publique. Elle vient notamment autoriser le retour des pesticides néonicotinoïdes, pourtant reconnus mortels pour les pollinisateurs, et de substances nocives pour la santé humaine ; faciliter le déploiement des méga-bassines et des élevages industriels intensifs ; et affaiblir des normes environnementales et des agences de contrôle.
Alors qu’il se voulait prétendument une réponse aux difficultés des agriculteurs, ce texte ne fait que servir les intérêts des plus gros d’entre-eux et du lobby agrochimique, productiviste et industriel. Il tourne le dos à toute transition écologique sérieuse, au mépris de la démocratie et de la santé publique. Il s’inscrit dans le vent populiste et anti-science venu d’Outre-Atlantique, auquel se sont converties les droites françaises avec la complicité coupable du bloc central qui aura activement concouru à permettre cette horreur législative que nous n’avons eu de cesse de dénoncer.
C’est un jour noir pour l’écologie, la science, le principes de précaution pour la santé publique et l’agro-écologie, une honte pour la représentation nationale, qui laissera une tache indélébile dans le bilan politique du deuxième quinquennat d’Emmanuel Macron, qui osait se prétendre écologique.