RETOUR DU FRONT BUDGÉTAIRE

Au repos forcé ce week-end, j’ai mis à profit ce temps pour revenir en circonscription afin d’expliquer notre travail sur le budget. J’ai eu plaisir à participer à l’inauguration de la Maison Rouge à Saint-Grégoire, baptisée Maison des Re-sources. Samedi, je suis passé aux 40 ans de l’anniversaire de l’association du quartier où j’ai grandi à Rennes, Vivre aux Longs Champs.

De longue date, nous avions prévu l’organisation d’une réunion publique vendredi soir avec mon collègue Mickaël Bouloux, consacrée au budget 2026. Je devais initialement repartir à Paris le lendemain afin de me rendre à Trappes le matin pour une réunion du Front Populaire 2027 puis rejoindre l’Assemblée nationale pour poursuivre l’examen du budget. Le gouvernement en a décidé autrement en fin de semaine dernière, décidant unilatéralement de fermer l’hémicycle, pretextant la fatigue des parlementaires pour nous priver de deux jours d’examen des amendements déposés, de telle sorte que nous ne soyons pas certains de parvenir au vote, la date limite pour envoi du texte au Sénat étant fixée au dimanche 23 novembre minuit.

Vendredi soir, vous étiez près de 150 aux Cadets de Bretagne pour échanger de la situation budgétaire et parlementaire. Les deux situations sont indéniablement liées. Classiquement parce que le Parlement vote le budget. De façon plus circonstanciée parce que le gouvernement n’a pas de majorité à l’Assemblée nationale pour faire voter son budget. Et enfin parce que la France a besoin d’un budget, qui ne saurait toutefois être la prolongation stricte du macronisme.

Premiers députés de l’histoire de la Vème République à siéger dans une Assemblée sans majorité, nous éprouvons le paradoxe d’être dans l’opposition au gouvernement en même temps qu’en position de responsabilité pour qu’un budget soit voté. Cette contradiction n’est pas seulement situationnelle ou rhétorique mais elle se vit dans le paroxysme d’un moment prétendu parlementaire alors que nos institutions sont constituées pour un pouvoir concentré dans l’exécutif. Ainsi en témoigne un ordre du jour exclusivement maitrisé par le gouvernement, un délai d’à peine 48 heures pour lire et déposer des amendements au budget, l’absence d’outils d’évaluation des articles en discussion ou encore d’instrument de maitrise de l’impact en recettes et dépenses des votes qui se succèdent par centaines chaque jour. Aucune démocratie parlementaire sérieuse ne fonctionne ainsi.

Pourtant, le nouveau Premier ministre feint de considérer que le pouvoir serait désormais dans les seules mains du Parlement, singulièrement de l’Assemblée nationale, en arguant du renoncement à l’usage de l’article 49 alinéa 3. Cette posture témoigne incontestablement d’une intelligence et d’une habilité qui tranchent avec les qualités de son prédécesseur. Mais en l’état des pouvoirs réels confiés aux parlementaires, cette posture dessine aussi les contours d’un discours qui désignerait l’Assemblée nationale pour responsable d’un éventuel échec, au risque que ce procès ne soit indifférent aux forces qui la composent. L’antiparlementarisme rode et le recours aux réponses autoritaires face au désordre est une menace immédiate pour la démocratie.

Conscients de ces menaces et de nos responsabilités, nous avons expliqué notre position : celle de la recherche d’un compromis au bénéfice de l’apaisement du pays et non de la seule stabilité de l’Assemblée nationale et de la préservation de nos sièges. Alors que le macronisme a vidé les caisses par laxisme fiscal, nous refusons que les services publics et les plus fragiles de nos concitoyen-nes ne soient les variables d’ajustement du retour à meilleure fortune de nos comptes publics. C’est pour cela que nous avons défendu le principe de recettes fiscales nouvelles, prélevées sur les ménages et entreprises les mieux loties. Et c’est aussi parce que nous sommes conscients qu’il faut réduire le déficit public que nous sommes lucides sur les conséquences d’un budget voté sans recettes substantielles supplémentaires : la transition écologique, l’action publique locale ou encore la protection sociale en paieront le prix.

Nous travaillons sur le fil. Tenir pour tenir au prix d’une prolongation sans inflexion sensible des politiques menées n’aurait pour effet que d’alimenter le moteur de l’extrême-droite. Refuser le principe même d’un compris reviendrait en revanche à considérer pour incapable notre Assemblée et à justifier un retour aux urnes dont l’issue au terme d’un débat limité à 20 jours serait potentiellement catastrophique. Le temps d’une délibération démocratique viendra avec l’élection présidentielle et tous nos efforts doivent être consacrés à la préparer pour qu’une alternative de gauche, écologique et sociale, succède au macronisme.

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