Vendredi 12 décembre 2025
Nous avons assisté à un coup de force inacceptable des syndicats agricoles productivistes hier à Rennes, devant la Préfecture et le siège de Rennes Métropole.
Les préoccupations du monde agricole pour l’exercice digne et facilité de leur métier sont légitimes, eux qui nous nourrissent au quotidien et restent toujours aussi peu reconnus. Mais celles des élu·es et des citoyen·nes pour l’environnement et la santé publique le sont tout autant, surtout dans une région et un département où la question de la qualité et la quantité de la ressource en eau se pose de manière si prégnante (97% des masses d’eau en mauvais état en Ille-et-Vilaine !).
Dès lors, s’opposer par la force et l’intimidation à la tenue d’une réunion – la Commission Locale de l’Eau – dans laquelle toutes les parties prenantes sont représentées et peuvent exprimer leur voix, est tout simplement inadmissible. C’est une attaque en règle contre le droit et la démocratie, qui ne peut être tolérée. La permissivité de l’État face à ces mobilisations de certains syndicats agricoles est, à ce titre, incompréhensible du point de vue de l’intérêt général. Il ne peut y avoir un tel deux poids deux mesures, quand dans le même temps l’État se montre impitoyable face à d’autres revendications, judiciarisant les luttes écologiques et criminalisant les associations et militant·es, à l’image de leur répression sanglante à Sainte-Soline contre les méga-bassines, ou du jusqu’au boutisme déraisonnable pour la construction de l’autoroute A69.
On voit bien que soufflent actuellement les vents mauvais du climato-scepticisme et de la dérégulation à outrance des normes protectrices des citoyens et de la biodiversité. Nous l’éprouvons depuis des mois à l’Assemblée nationale avec des alliances de circonstance entre le bloc central, la droite prétendue républicaine et l’extrême-droite, que la pétition nationale contre la Loi Duplomb est venue dénoncer avec force cet été.
Il faut se ressaisir : l’eau est notre bien commun à tous, quand le système agro-industriel ne bénéficie qu’à quelques-uns, qui s’enrichissent scandaleusement sur le dos des agriculteurs et agricultrices, de notre environnement et de notre santé. La révision du Schéma d’aménagement et de gestion des eaux de la Vilaine doit pouvoir se poursuivre dans des conditions de sérénité retrouvée.L’État en est garant, et il serait tout à fait anormal qu’il plie face à ces méthodes brutales.