Elections au bureau de l’Assemblée nationale : collusion scandaleuse entre le bloc central et le RN

Ce mercredi 1er octobre, les député·es renouvelaient le bureau de l’Assemblée nationale, par l’élection de 6 vice-présidentes et vice-présidents, selon la pratique habituelle de l’institution.

 

Le bureau sortant était constitué depuis 2024 selon les équilibres politiques suivants : 2 vice-présidentes LFI (bénéficiant des voix de toute la gauche), 1 Horizons, 1 Renaissance, 1 Les Républicains, 1 Ecologiste. Un strict cordon sanitaire avait été opposé au Rassemblement national, conformément à la volonté de barrage républicain qui s’était exprimée dans les urnes au soir du second tour des élections législatives du 7 juillet.

 

Depuis hier, le bureau renouvelé est désormais composé de 2 vice-présidentes LFI, 1 MoDem, 1 Horizons… et 2 Rassemblement National.

 

Ce retour spectaculaire du RN à la vice-présidence de l’Assemblée trouve une explication simple. Avec respectivement 341 et 340 voix alors que leur groupe ne compte que 123 membres, Sébastien Chenu et Hélène Laporte ont enregistré 217 voix supplémentaires.

 

Quinze d’entre elles sont logiquement venues de leurs alliés ciottistes d’UDR. Mais les 202 restantes, décisives, proviennent des rangs du “bloc central”, composé comme suit : Ensemble pour la République (91 député·es), Droite Républicaine (50), MoDem (36) et Horizons (34). Dans une discipline de vote notable, les candidat·es du RN ont donc bénéficié des suffrages de 202 des 211 député·es de ces rangs.

 

Pour Tristan Lahais, député d’Ille-et-Vilaine, membre du groupe Écologiste et Social :

 

Il n’y a pas de mots assez durs pour dénoncer ce à quoi nous avons assisté hier dans l’hémicycle” condamne le député. “Sans les votes du bloc central, le Rassemblement national n’aurait pu réintégrer le bureau de l’Assemblée. C’est une collusion scandaleuse, qui trahit le front républicain pour lequel les citoyennes et citoyens s’étaient majoritairement exprimés dans les urnes.”

 

Il poursuit : “Bien sûr, tout cela ne peut être décorrélé des autres enjeux qui se jouent en coulisses, particulièrement le besoin pour le nouveau Premier ministre d’obtenir un pacte de non-censure afin de faire passer son budget.”


“Il est toutefois inacceptable pour le camp présidentiel de se livrer à de tels arrangements avec l’extrême-droite.” insiste Tristan Lahais. “Le RN n’est pas un parti comme les autres. Il véhicule des valeurs de haine, de racisme et de division que nous ne pouvons tolérer. Emmanuel Macron, élu en 2017 et réélu en 2022 contre l’extrême-droite, n’a de mandat de la part des Français que de faire barrage à cette force politique. Une nouvelle fois, par rejet d’une gauche pourtant sortie en tête des dernières élections, il fait le choix de privilégier le RN et facilite son ascension vers le pouvoir. L’Histoire le jugera sévèrement.”

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