BUDGET : LA CULTURE EST EN DANGER

À l’initiative de notre formation politique, Génération•s Rennes nous avons proposé au NFP d’organiser un meeting de soutien aux artistes et acteurs de la culture, que le budget de l’Etat 2025 menace très directement.
 
Toutes les organisations politiques ont répondu favorablement à cette proposition et nous étions plus de 150 lundi soir à la Maison des Associations à Rennes pour partager le constat, témoigner de notre soutien et prendre l’engagement de remettre la culture au cœur du projet de la gauche.
 
Déjà à l’automne, j’avais pris l’initiative d’une réunion destinée aux acteurs associatifs pour les informer des conséquences possiblement dramatiques de la loi de finances alors discutée.
Nous y sommes maintenant que le budget adopté par 49-3 commence à diffuser ses effets, notamment par la contraction des ressources des collectivités, principaux soutiens au monde de la culture dans nos territoires. Ici, la plupart des collectivités préservent malgré tout leurs soutiens financiers aux acteurs, à l’exception du département d’Ille et Vilaine dont la situation financière très préoccupante l’oblige à diminuer cette année ses concours. D’aucuns ont pu s’émouvoir de ces décisions et l’on comprend aisément que les acteurs culturels, dans leur rôle, se défendent. Mais en cohérence avec les alertes formulées depuis des mois, je persiste à considérer le gouvernement pour seul responsable de cette situation, préférant obliger les collectivités à ces décisions difficiles plutôt que de mettre à contribution les plus aisés de nos concitoyen.nes pour assainir nos comptes publics. Notons qu’en effet d’autres choix sont possibles, à l’image du département du Finistère qui limite ses dépenses sociales, par un contrôle accru des « bénéficiaires » du RSA, afin de préserver ses politiques facultatives. Nul besoin de préciser que ce mandat ne saurait être celui d’une majorité de gauche et écologiste.
 
Cette situation n’est toutefois pas strictement indifférente aux reculs idéologiques qui ont été les nôtres. Du financement du service public jusqu’au sens de ce dernier, nous avons trop reculé de sorte que nous soyons aujourd’hui pris au piège d’une idéologie qui juge élitistes, onéreuses et partisanes nos politiques culturelles.
 
J’ai souvent expliqué sur ce mur le besoin d’une contribution plus importante de ceux qui en ont les moyens au financement du service public. C’est évidemment le cas des ultras riches dont le taux de prélèvements obligatoires est très inférieur à la moyenne des ménages du fait de mécanismes d’optimisation en tout genre (cf : débat en cours sur la loi Zucman). Mais, faut-il aussi avoir le courage de le reconnaître, par la diminution ces dernières années de la pression fiscale sur les ménages plus simplement aisés, à l’image de la suppression de la taxe d’habitation qui représente un manque à percevoir pour les comptes publics équivalent à 30 milliards chaque année à horizon 2030.
 
Le modèle de politiques culturelles promu par celles (au hasard Mme Morançais) et ceux qui veulent en assécher leurs ressources publiques est celui d’un financement accru, ou exclusif, par le privé, via les politiques tarifaires, la publicité ou encore le mécénat. Aux plus aisés, les créations et spectacles de leurs choix, aux autres une culture prétendue plus « populaire », en réalité celle que des médias dépourvus d’obligations de service public voudront bien proposer. La faute aussi à une gauche qui n’a pas suffisamment revendiqué le modèle de financement au fonctionnement en lui préférant la commande publique, de même que nous n’avons qu’insuffisamment revendiqué l’apport des arts et de la culture comme ciment de la cohésion sociale dans nos territoires. Formule consacrée, elle est un peu moins banale lorsque de passage dans la circonscription à l’automne dernier, François Ruffin me disait son étonnement devant l’intensité du foisonnement culturel dans nos territoires, assurément explicatif d’une moindre porosité pour l’heure à l’extrême droite.
 
Les plans sociaux qui s’annoncent à bas bruit dans la culture sont autant d’alertes à la pérennité de nos horizons démocratiques. Le retour violent d’une histoire tragique ces dernières semaines appelle autant de considération pour la culture qu’elle n’exige spontanément que nous nous intéressions à notre défense commune. Et dans les débats budgétaires à venir, faudra-t-il que nous soyons ferme sur le modèle que nous voulons protéger : celui d’une société démocratique, forte d’éducation populaire, traversée par les arts et la culture par opposition aux pulsions consuméristes des modèles dominants.
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